La difficile coopération technique des sous-mariniers allemands et japonais

Sur le papier, la flotte sous-marine japonaise était une des plus puissantes du monde, tout comme la flotte japonaise classique.
L’épine dorsale de cette flotte sous-marine était des sous-marins de premier rang dérivés d’un dessin vendu par les Allemands en 1931.
A cette époque, la tendance était à la réalisation de « cuirassés sous-marins » de fort tonnage.
La marine française mit en service le « Surcouf » en 1927, la Royal Navy étudia un tel projet et réalisa des prototypes. L’US Navy eut un sous-marin de ce type.
La théorie de la guerre maritime était alors celle de la domination par la puissance de feu; Jusqu'en 1931, la Marine Impériale s'appuyait sur les théoriciens britanniques et français. La mise au ban des nations suite à la guerre de Mandchourie les fit se tourner vers l'Allemagne et une discréte entreprise  hollandaise appartenant au gouvernement allemand et regroupant tous les experts de la 1° guerre mondiale.
En 1940, la marine japonaise disposait donc des plus grands sous-marins du monde de l’époque (plus de 100 m de long). Ils remportèrent des succès importants en 1942 grâce à leurs torpilles, plus grosses et à plus longue portée que celles des autres marines. Ils se payèrent même le luxe d’aller bombarder les Etats-Unis.
 L’avis des Allemands et de l’attaché naval à Tokyo ( Contre Amiral WENEKER) était pourtant critique.
Suite à la visite du I30 à Lorient en 1942 et son examen par des spécialistes, un programme d’urgence d’aide technique fut mis en place. Les études pour produire en masse des sous-marins de conception allemande "japonisés" est lancé. Devant  la dégradation de la guerre dans le Pacifique, Hitler décide, lors de la conférence de Viminitsa (Ukraine) de détacher deux sous-marins allemands pour déclencher une campagne de grande envergure contre les lignes de communication alliées dans l'Océan Indien. Donitz tente de s’opposer à cette décision sans succès.
La mission du U-511:
Le 10 mai 1941, le U-511, dont le nom de code est « Marco-Polo 1 » quitte Lorient, où il est basé depuis décembre 1942, pour Penang, sous le commandement du Capitaine Fritz Schneewind.
Il transporte du radium dans des bonbonnes de mercure, du plomb, du verre optique et de l’aluminium, ainsi que deux moteurs diesels type MB518 pour des vedettes rapides. Il emmène également les plans complets de l’avion fusée Me-163, des échantillons de vaccins contre la fièvre jaune, destinés à être testés sur des prisonniers chinois par la fameuse section 731 de guerre bactériologique, des torpilles et des pièces détachées pour le groupe de sous-marins allemands et italiens « Mousson » en cours de création à Penang.
Parmi les passagers, le Vice-Amiral NOMURA Kagomi, représentant japonais à la commission tri-partite depuis 1941, le Major SUJITA Tamotsu, du service médical, le Dr  E.Wörmann, ambassadeur allemand auprès du gouvernement chinois de Nankin (Pro-japonais), Martin Spahn, chef désigné du parti Nazi au Japon, et 3 spécialistes de la construction des sous-marins de Breme.
Ces passagers ont séjourné à Trevarez entre le 2 et le 10 mai 1943, en même temps que les officiers du U-511.
Les japonais lui attribuent le nom de code  « Satsuki » (Le mois des premiers bourgeons ). Après avoir coulé deux « liberty-ships » et avoir été presque coulé par un bateau japonais, le U-511 arrive à Penang le 16 juillet, puis à Kure le 7 août 1943.

Les Japonais acceptent la remise du U-511 comme payement partiel des matériaux stratégiques déjà livrés à l'Allemagne par des convois de cargos.
Le U-511 devient le RO-500 dans la marine japonaise et est analysé par une commission technique mixte japonaise et allemande.  Il est presque complétement démonté dans l'arsenal.
Le rejet de la solution allemande:
Les Allemands sont très vexés quand les Japonais refusent de produire en masse le modèle X9C japonisé, comme prévu, car ils le jugent insuffisantes la de vitesse en submersion, l'armement, la ventilation, la fiabilité des diesels. L’amiral FUKUDA demande que tous les efforts soient mis sur le développement  des nouveaux sous-marins "I-201", de la classe « Sen-Taka » (Sous-marins rapides) qui verront le jour début 1945 ; avec des performances incroyables. Ce développement sera retardé par la production des « Porte-avions sous-marins » de la série  I-400 (Plus de 120 m de long, plus de 6000 t) qui arriveront trop tard pour jouer un rôle sérieux.
L’avis des spécialistes allemands était que ce refus était lié à la pression de Mitsubishi, constructeur des grands sous-marins, dirigé par un cousin de l’Empereur et très influent dans la Marine.

 La co-opération se poursuivra vaille que vaille dans les domaines des armes connexes (Radar, torpilles, moteurs diesel, sonars, etc..) sans réelle confiance de part et d'autre et à la plus grande frustation du personnel allemand détaché sur place.

Lorsque le modéle IXC sera remplacé par la version améliorée IXC-40, les Allemands lanceront une opération Marco-Polo 2 et remettrons en 1944 un deuxiéme sous-marin, le U-1224, à la marine japonaise, mais insisteront pour que l'équipage spoit envoyé en Allemagne ( Missions du I8) et entraîné sur place. Ce sera le fameux RO-501.