La stratégie d’utilisation des sous-marins :

Les Allemands et les Japonais se sont heurtés tout au long de la guerre sur des différences de conception stratégiques fondamentales. Il est difficile de donner raison à l’un ou à l’autre.
Le Contre-Amiral  Paul Weneker  (Attaché naval à Tokyo de 1935 à 1937 puis de 1940 à 1945) a très bien résumé cela lors de son interrogatoire par les Américains : « Les sous-marins japonais étaient trop peu maniables en cas d’attaque et trop faciles à repérer, attaquer et couler. Leur technologie était dépassée et ne s’est que peu améliorée pendant la guerre.
Pour eux, seuls importaient les gros navires de guerre, et surtout les Porte-Avions. Les grands sous-marins avaient cette priorité quasi-exclusive. 

Nous décidâmes de leur envoyer un de nos sous-marins, plus adaptés à leurs besoins[Le U500]. Ils le démontèrent complètement et nous dire que ce serait trop compliqué de le construire en série chez eux.
Nous décidâmes de faire entraîner chez nous  un de leurs équipages sur un de nos sous-marins [Le U-1224, devenu le RO-501]. Ils eurent une très bonne formation, mais se firent accrocher et couler en revenant. »

En ce qui concerne la Marine nippone, il souligne également les efforts incroyables déployés pour préparer des « Pearl Harbour bis » et engager l’ennemi dans des batailles de grande ampleur.  Les flotilles de sous-marins étaient ainsi constamment en train de s'entraîner pour des missions complexes, souvent abandonnées pour aller courir ravitailler une garnison, voire transporter du carburant pour d'autres navires.
Ces efforts faisaient négliger des missions moins spectaculaires mais tout aussi cruciales. A la base, l'arme sous-marine était considérée comme secondaire.

Enfin, chargé des approvisionnements en matériaux stratégiques à destination de l’Allemagne, il affirme avoir constaté une corruption généralisée parmi toute l’administration et la hiérarchie militaire, d'incessantes luttes de pouvoir  à tous les niveaux et un relâchement de la discipline des troupes en 1942, lorsque la victoire parut assurée.  Ce relâchement allait jusqu'à refuser d'investir dans des fortifications, des armes nouvelles ou même des stockages de carburant.
La discussion la plus dure, impliquant les plus hauts niveaux des états-majors  eut comme  sujet la politique d'attaque des convois de ravitaillement américains au travers du Pacifique. Les Japonais considéraient comme peu glorieux le type de guerre mené dans l'Atlantique par les U-Boot de Doenitz et réserveient leurs torpilles aux porte-avions et navires de guerre. Le résultat fut que à la mi-1943, les Japon avait perdu 75% de sa flotte de transport, alors que la flotte de transport alliée augmentait de 5 à 6 % par mois.

Il est particulièrement dur concernant la direction des opérations des sous-marins, dirigés par un amiral qui n’avait jamais effectué une mission sous-marine et avait beaucoup de certitudes et peu de connaissances de cette arme.
Ainsi, les sous-marins japonais furent envoyés dans des missions lointaines et dangereuses, avec des objectifs incertains, des approvisionnements rationnés, des armes souvent défectueuses.  On attendait d’eux qu’ils repèrent et torpillent  des navires plus rapides qu’eux et leur matériel, concu dans les années 1930 à 1935 n'évolua que très peu.
Plus tard, ils servirent de cargos pour approvisionner des garnisons isolées.
Plus de 95% d’entre eux furent coulés en service, la plupart du temps sans résultats tangibles. Le moral des sous-mariniers n’était pas très bon et les résultats des missions s’en ressentaient.