Le journal de bord du voyage du I29:
retrouvé par  M. Goto KAZUO

Voici une partie des notes du capitaine de Frégate Kishoyi Hinagoya parti pour  Lorient au départ de Singapour  en décembre 1943 :

« Dans le sous-marin, il faisait très humide et nous ne portions que des vêtements légers ; shorts et sandalettes pour la nuit . Sur le plancher, les boîtes de conserve sont empilées jusque dans les couloirs. Dans les compartiments des officiers, les lits sont superposés sur deux niveaux avec une table au milieu. Quand vous n’êtes pas de quart, il n’y a pas grand-chose à faire. En plongée, on essaie de dormir pour ne pas consommer trop d’oxygène et retenir le gaz carbonique (On rejette moins de gaz carbonique pendant le sommeil qu’en activité)  Les 18 à 23 heures passées sous l’eau embrouillent les jugements, provoquent des maux de tête, le cœur bat de plus en plus vite et la respiration n’est pas régulière.

Le 30 décembre, comme prévu, nous avons pu faire le plein de 20 tonnes de carburant grâce à un pétrolier allemand dans l’océan indien. Nous avons été aussi ravitaillés en poissons et légumes frais. L’équipage a beaucoup apprécié de pouvoir manger du poisson cru (Sashimi en cuisine japonaise)

Le 1° janvier 1944, nous étions dans le sud de l’océan à 2000 miles de la pointe sud de l’Inde. Nous avons passé l’Equateur le 31 janvier. Comme prévu nous avons pu informer la marine allemande de la date de départ et du nom du bâtiment parti de Singapour. Cela fait un mois que nous nous lavons avec un verre d’eau chaude par jour. Le matelot Ôgi avait acheté de l’alcool à Singapour et s’en sert pour se laver. A bord la saleté et la puanteur s’installent


5 mars : Juste avant la fin du voyage, les états d’alerte se multiplient à cause de la proximité de l’Europe et de l’Afrique. Les batteries étaient à  peine rechargées que ce fut l’alerte. Le sous-marin a plongé en catastrophe, un avion ennemi ayant été détecté au radar. En plongeant rapidement, nous avons entendu des bruits bizarres que nous avons mis sur le compte de la pression de l’eau. Le bateau  n’a pu être repéré par l’ennemi et nous en avons été soulagés.  Malheureusement un officier a crié «  Il manque le matelot Kamid ! » Celui-ci s’occupait des mitrailleuses et surveillait sur le pont es éventuelles approches ennemies. Il n’a pu rentrer à temps dans la coque  à cause de la plongée soudaine. Nous avons prié  pour lui. 


A 7h30 le 10 mars, nous sommes remontés à la surface à l’endroit du rendez-vous prévu, juste au milieu des bâtiments de la Marine  allemande venue nous protéger et nous accueillir.


Le lendemain 11 mars, nous sommes entrés dans le port de Lorient. La ville  était là sous nos yeux.

ENFIN ! . Nous débarquons  après 86 jours  de traversée depuis Singapour. »