Août 1942 Le I30 SAKURA premier sous-marin japonais à Lorient |
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Le I30 était un sous-marin récent (Lancé en février 1942). Depuis avril, la marine japonaise avait conclu un accord avec la Kriegsmarine pour attaquer les convois alliés dans l’océan indien (Côte est de l’Afrique) Convaincus de l'efficacité de la flotte sous-marine japonaise et de ses gigantesques sous-marins Donitz et ses adjoints avaient dressé des plans très ambitieux, se partageant les mers du globe. Après une première mission résultant en l’attaque du port de Diego-Suarez à Madagascar, occupé par les Anglais, le I30 part le 18 juin pour une mission Yanagi. Il est commandé par le commandant ENDO Shinobu, un vétéran. Les Japonais lui assignent le nom de code de « Sakura » (Le bourgeon de cerisier) et les Allemands « U-Kirshblüte » A partir du 2 août, il arrive en baie de Gascogne et est appuyé par un groupe de défense aérienne (JU 88) basé à Bordeaux . Le 5 août, une flottille de huit dragueurs armés l’accueille et l’escorte jusqu’à Lorient. Dans un premier temps, le I30 est amarré à un corps mort dans la rade malgré les risques d’attaque aérienne. L’équipage est transbordé sur le U-67, où se passe la réception officielle, avec remise de fleurs et de décorations en présence du Grand Amiral Raeder, de l’Amiral Donitz, de l’attaché naval japonais en Allemagne, YOKOI Tadao tous venus de Berlin pour l’occasion. (YOKOI a résidé 3 jours à Trévarez en attendant l’approche du I30) L’accès du I30 est interdit à tout Allemand en attendant que certaines difficultés soient levées : - Il est apparu que le I30 ne pouvait tout seul manœuvrer pour rentrer dans une des alvéoles renforcées de la base. - La cargaison du I30 comprend deux tonnes d’or qui doivent être livrées aux Allemands, ainsi qu'un "envoi sous pli imp"rial" d'un poids non spécifié. Provenant des pillages effectués en Chine et autres pays, l'or doit être converti par la Reichbank en lingots avant d’être accepté comme or « bancaire » La négociation sur place est rude et l’or ne sera remis qu'à des envoyés de la Reichbank. Une partie de cet or, une fois transformé, ira dans les comptes suisses personnels d’Hirohito, l’autre sera versée comme paiement des armements allemands. - L'accord sur l'examen du I30 par les spécialistes allemands est également l’objet d’âpres discussions rendues difficiles par la barrière des langues. Les Japonais sont élevés dans la religion du secret et, auréolés par leurs récentes victoires de 1942 (Leur capitaine a coulé le porte-avion HORNET) font preuve d’une certaine suffisance. Invités à bord des sous-marins allemands, ils prennent de nombreuses photos et expriment une vive surprise devant certains aménagements, en particulier les waters, les douches et les cuisines.. Finalement, le I30 est amené le 7 août, aidé de deux remorqueurs venus de Brest, dans une alvéole de la base de Kerohan où la partie sosus sceau impérial de la cargaison est déchargée et convoyée sous bonne garde vers la Suisse. La partie moins secrète consiste en : + 1650 kg de mica (Applications électroniques) + 800 kilos de shellac (Gomme laque, applications isolants, vernis, munitions, disques 78 tours, etc..) + Les plans de la torpille aérienne type 91. Contrairement aux promesses faites, le I30 n’apporte pas de plans ou d’exemplaires de la torpille type 95, la plus performante de l’époque, utilisant l’oxygéné. A la dernière minute, le commandement a fait débarquer ces armes et les a fait remplacer par des torpilles moins performantes, jugeant le cadeau trop beau. - Quelles sont les réparations à faire immédiatement avant le retour du I30 ? Il est décidé de repeindre le sous-marin en « U-Grau », au lieu du noir japonais, trop visible dans les eaux de l’Atlantique. Les canons anti-aériens de 26 mm seront remplacés par un affût quadruple de 38 dernier cri et un détecteur de radar (type METOX) est installé. L’installation d’un schnorkel est envisagée mais jugée trop longue. L’hydravion de reconnaissance (E14Y1) avait beaucoup souffert lors du voyage et sera révisé de fond en comble. Après peinture compléte, il sera filmé par la propagande allemande pour montrer que "les avions japonais opèrent à partir des bases de l’Atlantique ». Un rapport plus secret est transmis à Donitz et Raeder évaluant le I30 et sa valeur stratégique. Soulignant entre autres l’absence totale de commodités (Toilettes, sanitaires) à bord, il mentionne surtout en termes très sévères le caractère obsolète de l’engin, sa faible profondeur d’immersion (100 m) son peu de maniabilité, sa lenteur d’immersion, sa faible vitesse en plongée ( 8 nœuds en pricipe 4 noeuds en réel) et le niveau de bruit très élevé en immersion et en surface. Tout ceci rend ces engins obsolètes faciles à détecter et à détruire. Il conclut à la nécessité de renforcer considérablement l’aide allemande à la construction sous-marine japonaise. Suite à ce rapport, il sera décidé d’envoyer au Japon des spécialistes de la construction des sous-marins et de hâter l’échange de technologie. Nous en reparlerons. EDO et son équipage voyagent jusqu’à Berlin. Il est décoré par Hitler lui-même. Au retour, ils s’arrêtent à Paris une journée, durant laquelle ils visitent la Tour Eiffel et les Champs-Élysées avant de revenir à Lorient. - Les plans et un exemplaire complet du radar Telefunken « Würzburg » - Cinq torpilles aériennes du type G7 et trois du même type mais à propulsion électrique - Cinq calculateurs analogiques de tir pour torpilles - 240 charges du type Bolde anti sonar, - des fusées et des bombes planantes - des canons antitank, - un system directeur d’artillerie Antiaérienne, - 200 canons 20 mm Antiaériens, - Une cargaison de diamants industriels évaluée à plus d’un million de yen - Surtout, cinquante machines « T-Enigma » type M4 derniére génération, ultra-secrétes (qui résisteront auxcryptographes alliés pendanat 11 mois). Parmi les passagers, un ingénieur japonais formé en Allemagne à Kiel dans les chantiers navals et spécialisé dans les radars. Le I30 sort du port dans la soirée et heurte une mine anglaise à 5 km du port. Le Commandant ENDO et 96 hommes sont sauvés, 13 hommes périssent. La cargaison sera récupérée par des plongeurs, mais les machines sont inutilisables. Les plans du radar allemand sont récupérés et serviront de base au radar japonais Tachi 24 mis en service fin 1943. W.A.Grunden "Secret Weapons of WW2, Japan" 2005 |
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